Galerie Paul Prouté

Tout comme Piranèse dont il se veut le disciple, Gérard Trignac met à profit une formation initiale d’architecte (suivie à Bordeaux, sa ville natale) pour graver sur le cuivre ses constructions rêvées. S’il partage avec Piranèse le goût pour le noir, les effets dramatiques et l’accumulation de monuments, Trignac adapte cependant ces éléments à une esthétique contemporaine marquée par le béton, le métal, l’industrie, la science-fiction et la bande dessinée. Ses paysages désertés, inspirés de villes réelles (série de vues de Paris illustrant l’Ode à Paris de Philippe Soupault) ou imaginaires (notamment tirées des Villes Invisibles d’Italo Calvino), laissent transparaître, outre l’hommage aux graveurs du passé (non seulement Piranèse mais aussi Rodolphe Bresdin), une certaine angoisse du présent et la peur d’un futur déshumanisé. Son souci du beau travail l’incite à assurer lui-même les tirages, toujours restreints, de ses eaux-fortes reprises au burin et à la pointe sèche.