Galerie Paul Prouté

Si ce n’est dans sa jeunesse, c’est du moins au début de sa carrière qu’Édouard Manet s’intéressa à l’estampe : ses quelque cent planches (aux trois quarts des eaux-fortes, le reste des lithographies) furent pour la plupart d’entre elles réalisées entre 1862 et 1868. Manet eut de l’estampe une idée assez classique et s’en servit avant tout à des fins éditoriales, pour diffuser ses compositions auprès d’un large public : sans pouvoir être dites pleinement originales puisqu’il ne créa jamais directement pour la gravure, ses estampes pourraient se classer dans la catégorie des « reproductions autographes ». Pour autant, Manet, l’un des premiers membres de la Société des aquafortistes, participa au renouveau de l’eau-forte des années 1860, trouva dans cette technique un réel espace de liberté graphique et fut assez soucieux de ses recherches pour multiplier lui-même les épreuves d’essai et les états. Exécutées sauf deux d’entre elles avant 1874, ses estampes ne montrent pas l’influence des Impressionnistes et de Degas que l’on découvre dans ses derniers tableaux : au contraire, elles reproduisent l’essentiel des œuvres réalistes (Legros lui donna de nombreux conseils de graveur) et hispanisantes (Manet reproduisit Vélasquez et pasticha Goya et Murillo) les plus célèbres de l’artiste.