Fils d’un maitre graveur en taille douce et destiné aux mêmes activités que son père, Louis-Jacques Durameau s’oriente plutôt vers le dessin, passant par les ateliers de Jean-Baptiste Marie Pierre et Carle Van Loo. Diderot tenait le talent de l’artiste en haute considération et loua son « feu ». Titulaire du grand prix de Rome en 1757, il expose à tous les salons à partir de 1767 et enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts tandis que le Roi en fait son garde des tableaux à partir de 1784. Si son œuvre n’est en aucune manière néoclassique, il s’inscrit dans son temps en ce qu’il est déjà tributaire des premiers élans du Romantisme. Peintre religieux, influencé par l’œuvre de Deshays, son talent s’exprime surtout à travers ses décors de plafonds, notamment pour l’opéra royal du château de Versailles.
Edmond de Goncourt écrit d’ailleurs au sujet de Durameau qu’il était un peintre d’histoire qui a « fort peu traité de sujets de la vie contemporaine » si ce n’est à travers ses dessins. C’est justement à partir de l’un d’entre eux, en sa possession, qu’il lui forge une réputation.
Dans sa collection, le dessin intitulé La partie de cartes (Paris, Louvre, département des Arts Graphiques, Inv. R.F. 6741), présente des similitudes tant techniques que thématiques avec le nôtre. Comme dans la feuille du Louvre, bien qu’il donne à voir une famille issue d’un cercle social plus humble, Durameau saisit l’instantanéité d’une scène intime et, ici, familiale. On y retrouve les « recherches rembranesques » que les contemporains de l’artiste lui reconnaissaient déjà, notamment dans le jeu de clair-obscur. Il s’appuie en effet sur un traitement plus ou moins intense du lavis brun associé à de généreux rehauts de gouache blanche.