1732 - 1809
Pinceau et encre de Chine, lavis gris, gouache blanche et noire, pierre noire et estompe sur papier beige
175 × 402 mm
Signé et daté en bas au centre à la gouache noire Bardin 1786
Acquis par la National Gallery of Washington, USA
Brush and Chian ink, grey washing, white and black gouache highlights, black chalk and shade on beige paper
175 × 402 mm
Signed and dated in the middle of the lower side with black gouache Bardin 1786
Purchase by the National Gallery of Washington, USA
Formé d’abord à la peinture dans l’atelier de Jean-Louis Lagrenée, Jean Bardin collabora avec Jean-Baptiste Marie Pierre avant de remporter le premier prix de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1765. Agréé à l’Académie en 1779, il exposa régulièrement au Salon jusqu’en 1786, date à laquelle il accepta la direction de l’École de dessin d’Orléans. Attentif à la réussite de sa mission, il se retira progressivement de la carrière de peintre avant de tomber dans un profond oubli dont seul son rôle de professeur auprès de Jean-Baptiste Regnault fut épargné.
Comme de nombreux peintres parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Jean Bardin chercha en province des commandes de grands tableaux religieux. C’est ainsi qu’il signa en août 1780 un contrat avec les Chartreux de la communauté de Valbonne l’engageant à produire une série des Sept Sacrements destinée à orner la nef de leur église. Six toiles furent envoyées en Provence dès avant 1790 ; l’exécution du dernier tableau fut interrompue par les événements révolutionnaires. Les sept toiles monumentales (elles mesurent environ cinq mètres de large pour deux mètres de haut) furent placées dans la cathédrale de Nîmes après la Révolution ; rachetées par les Chartreux de Valbonne à la fin du XIXe siècle, elles les suivirent pendant leur déménagement de 1903 dans la chartreuse de Notre-Dame de Aula-Dei, à Saragosse, où elles se trouvent toujours ( Frédéric Jimeno Solé, « Les Sacrements de Jean Bardin (1780-1790). Le grand genre face à la critique du Salon », dans Le Public et la politique des arts au siècle des Lumières (dir. Christophe Henry et Daniel Rabreau), Paris, 2011, pp. 397-411.)
Des sept tableaux, cinq dessins préparatoires sont connus. Cette feuille, très finie et dont la toile diffère peu, met en place La Confirmation que Bardin livra en 1788. Comme l’avait fait Nicolas Poussin dans les deux versions qu’il donna du sacrement, c’est une scène d’onction au sein de l’Église primitive que Bardin représente. La composition, outre l’iconographie, s’inspire elle aussi, que ce soit dans le dispositif architectural ou les personnages (le jeune homme vêtu de blanc à droite de la composition reprend une figure féminine de La Confirmation peinte pour Chantelou), d’un Poussin redevenu très attractif en ces années d’émergence du néoclassicisme. La rigueur du dessin de Bardin participe pleinement de ce mouvement.
Si ses tableaux furent assez vivement critiqués lors des Salons successifs où ils furent présentés, les dessins de Bardin, que distingue une méthode proprement picturale, faite de nombreux lavis et rehauts de gouache, furent dès son vivant appréciés et recherchés.